vendredi 4 janvier 2008

Récital poétique

L’Afrique vue par ses « guetteurs de l’aube » (poètes…) Récital de poésie conçu, lu et mis en espace par le comédien, auteur et conteur congolais Mukuna Kashala L’intérêt du sujet Tout le monde parle aujourd’hui du « mal africain ». mais que sait-on de ce continent que l’on appela jadis l’empire du silence ? Le monde a déjà parlé, mais les poètes africains ont aussi leur mots à dire. C’est une nécessité : l’Afrique n’a qu’à parler d’elle-même. Ne dit-on pas que « rien ne peut gratter ta peau que ton propre ongle « ? N’est-il pas dans le rôle des poètes de dénoncer par la parole, à la manière de nos griots ? Leur silence ne serait-il pas un crime ? Ecoutons les. Ce n’est pas la peine aujourd’hui de nous réfugier derrière un rideau de fumée. Nous, africains nous appartenons à une société qui est malade. « Gardez-vous de vous croiser les bras en l’attitude stérile du spectateur, car la vie n’est pas un spectacle » disait le chantre de la négritude, Aimé Césaire. Assassinats, tortures, fusillades, famine, la misère de tout un peuple que les hommes noirs au pouvoir en Afrique infligent à leurs frères de race ou pour reprendre le vers du poète congolais Kaselé Laïsi. « le noir n’est-il pas devenu le casseur du nègre « ? Face à ces horreurs, les poètes africains dans leur ensemble proposent leurs armes. Celles-là ne sont pas faîtes pour tuer, opposer, diviser, continuer à faire couler le sang… Au-delà de la violence des mots, elles appellent le règne de la paix et de l’espérance : « Dans le sein ignoré de ce continent noir Naît et monte opiniâtre, une sève nouvelle ; S éveillant lentement et souriant d’espoir L’Afrique entière aspire à vivre digne d’elle. (…)Mais du gosier, hélas ! la voix n’est pas sortie Le péan triomphal s’est étouffé mort-né. Qui nous relèvera de cette tour débâtie Et nous délivrera du faux jour écorné ? (…)L’Âme de mon pays, dans sa calamité, cherche à travers la nuit de ses méandres mornes, A travers les tourments de son adversité, L’Astre qui soutiendra l’élan du capricorne ! » Ainsi disait Gabriel Sumaïli. Et Kadima Nzuji de répliquer : « La puanteur vient de nos dents cariées de nos bouches gorgées de mouches à force de jongler avec des cris traversés de silence à force de vivre à contre destin. L’Espace se réduit à notre finitude. Nous avons trop misé sur des jours futurs Sur des matins improbables… » Et Mazizi Kunene de poursuivre : Après les réjouissances, après la fête Après les chants Après que les voix soient évanouies dans la nuit Que les bruits de discussions aient cessé Que les vents en colère aient répandu leurs crinières Et que les gens aient arrêté de danser… Ta voix (poète) et ta voix seule S’élèvera des ruines… Le choix des poèmes Il est essentiellement lié au thème de la révolte contre la situation socio-politique actuelle. Comment pourrait-il en être autrement ? C’est une occasion pour moi de faire entendre « la voix des sans voix » grâce aux poètes restés au pays pour y exercer leur tâche, dans des conditions souvent difficiles. Parmi les poèmes choisis, on entendra aussi la voix de cette diaspora qui en Afrique, en Europe ou en Amérique du Nord vit parfois douloureusement son exil. Nous avons souhaité que ces textes puissent laisser une trace afin d’attester de leur vitalité, quand bien même cette trace reste bien éphémère sur le sable mouvant qu’est la scène d’un théâtre. La Musique Pour nous libérer de la métrique du vers français, pour épouser les cadences de chansons traditionnelles africaines, et exprimer l’attachement à l’Afrique et la souffrance multiforme de son peuple, nous avons jugé bon de recourir à certains instruments de musique comme par exemple : ⇒ Le Lokolé (tambour à fente) Le poète Antoine Roger Bolamba concède à cet instrument traditionnel africain le rôle du héraut : « Lokolé n’a peur de rien Lokolé brave la force Lokolé soutient la faiblesse Lokolé ne joue pas il tue il tue la haine ». ⇒ La Sanza N’est-il pas par excellence l’instrument du voyageur ? Imana, le créateur de créatures, ne créa-t-il pas le monde en jouant de la Sanza ? disait le poète et musicien camerounais Francis Bebey . Ce spectacle est un chant, un hymne à la grandeur et à la dignité de l’Afrique. Grandeur et dignité passées, mais qu’il faut recréer aujourd’hui et projeter, pour un avenir meilleur. Projection faîte d’inquiétude, mais aussi d’espoir. Mukuna Kashala

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